La qualité de vie au travail
Mis à jour le 07/10/2021
La qualité de vie au travail désigne les actions qui permettent de concilier l’amélioration des conditions de travail des salariés et exploitants agricoles et la performance globale des entreprises. Elle s’inscrit dans une dynamique permettant à chacun de préserver et de construire sa propre santé physique et mentale au travail.
La qualité de vie au travail
L’engagement dans le travail peut être à la source de gains de performance et d’innovation. Mais il ne va pas de soi… Il dépend de plusieurs conditions parmi lesquelles le contenu du travail, la qualité du management, la satisfaction des clients ou des usagers… Réunir de telles conditions de manière pérenne suppose de les intégrer aux projets techniques et organisationnels de l’entreprise ou de l’exploitation.La qualité de vie au travail est à relier intimement à la qualité du travail
Faire face à des situations nouvelles non prévues dans les procédures, gérer les aléas, s’avère être en réalité le quotidien des professionnels quel que soit le secteur d’activité concerné. A cet effet, les entreprises gagneraient à accompagner leurs opérateurs pour qu’ils soient en mesure de mobiliser les bonnes compétences et de choisir les arbitrages les plus adaptés lorsque l’imprévu survient.La recherche de qualité de vie au travail doit amener l’entreprise et ses acteurs à mobiliser simultanément plusieurs leviers. De la volonté de combiner ces dimensions naît la robustesse de la démarche :
Améliorer les conditions de réalisation du travail
• environnement de travail physique et organisationnel,• conditions d’emploi (formation, égalité),
• conciliation du travail et de la vie privée (horaires, temps de transport…)
Renforcer la capacité à s’exprimer et à agir
• mise en débat du travail (le contenu, les difficultés rencontrées et les moyens d’y faire face), soutien des collectifs de travail,• renforcement du partenariat social (dialogue social, concertation),
• soutien managérial (reconnaissance, accompagnement).
Etre vigilant sur le contenu du travail
• donner du sens au travail (travail en adéquation avec les valeurs que chacun porte, perception des effets de son travail),• préserver de l’autonomie (pouvoir d’agir sur la façon de réaliser le travail),
• privilégier un travail apprenant (possibilité de mobiliser ses compétences et d’en développer de nouvelles).
Et en exploitation agricole ?
L’exploitant a ceci de singulier qu’il est un travailleur indépendant. Selon les aspirations et les croyances de chaque personne, l’objectif de qualité de vie au travail diffère. Néanmoins, chacun peut s’interroger seul, en groupe ou accompagné, sur ce qui fait source de tension dans le travail et sur ce qui constitue une ressource et contribue à l’épanouissement…En premier lieu, l’exploitant peut réfléchir à ses propres objectifs de métier en interrogeant par exemple sa vision de l’agriculture, son niveau de revenu souhaité, l’articulation de son temps de travail et hors travail…
Il semble tout aussi opportun de questionner le pilotage de l’exploitation.
En cela les logiques témoignent d’une grande diversité :
• rechercher un système avec pour objectif de réduire les coûts, avec une priorité centrée sur les « bons » résultats techniques…
• avoir des animaux en bonne santé ;
• investir dans l’amélioration des conditions de travail ;
• travailler seul ou avec des associés ;
• prendre le temps de vivre…
Un autre registre sur lequel il importe d’agir réside dans l’intégration sociale des agriculteurs. Le fait de pouvoir échanger sur son métier et sur ses difficultés permet de se sentir moins seul. Cela peut également permettre d’explorer de nouvelles perspectives. Les liens avec les réseaux quels qu’ils soient, construisent une ressource qui peut aider dans le quotidien (voisins agriculteurs, Cuma, groupes de développement…).
Enfin, la question du temps s’avère primordiale. Le travail d’astreinte combiné à la surcharge liée aux pics de travaux saisonniers crée des conditions de travail parfois délétères. La charge de travail demandée pose véritablement la question de l’adéquation avec les ressources humaines disponibles. Trop souvent, le travail à accomplir reste sous-évalué. Le temps homme est estimé sur la base de longues journées. La recherche de la qualité de vie au travail des exploitants justifie une véritable réflexion sur ce critère « temps de travail », notamment lors de l’installation.
Afin de promouvoir la qualité de vie au travail, l’entreprise et ses acteurs ainsi que chaque exploitant peuvent faire un pas de côté pour mieux remettre en perspective aspirations, compétences de chacun et organisation du travail. En redonnant davantage de sens au travail, en revisitant la façon de le réaliser, en développant le pouvoir d’agir, il est possible de dégager des ressources parfois insoupçonnées. Si les conjonctures demeurent difficiles, des marges de manœuvre peuvent exister. Il s’agit maintenant de les mobiliser. C’est à cette condition que l’on pourra concilier santé au travail et performance sociale et économique des entreprises et des exploitations !
Point de vue d’acteur
Olivier DUMARTY - Directeur des Ressources humaines de GROUPAMA LOIRE BRETAGNE
« Pour assurer la meilleure qualité de service à nos clients, l’engagement de tous les collaborateurs au quotidien est indispensable.
A cet effet, la qualité de vie au travail passe en premier lieu par une ambition managériale affirmée : promouvoir un management capable d’exigence et de bienveillance, pour faire progresser les collaborateurs, favoriser leur autonomie et reconnaître leur implication, est un axe majeur de notre politique de ressources humaines.
Donner aux collaborateurs la capacité de questionner leurs pratiques professionnelles, dans une optique d’amélioration continue, représente également l’un des principaux leviers de la qualité du travail : les groupes d’expression sont ainsi pratiqués depuis plusieurs années et les démarches collaboratives de résolution de problèmes prennent de l’ampleur. »
Jean-Marc BRAUD, exploitant installé en bovins lait à Sérent dans le Morbihan
« Après plusieurs expériences en tant que salarié, j’ai enfin concrétisé mon projet de reprise d’une exploitation laitière. Je me suis installé il y a 8 mois.
La charge de travail étant difficile à évaluer avant l’installation, je me suis appuyé sur ce qui avait été mis en place par les cédants. Par exemple, l’alimentation des vaches est organisée en silo libre-service. J’ai également recours à une ETA pour les différents travaux de semis et de récolte. Cela me permet de me concentrer davantage sur le travail d’éleveur et le suivi du troupeau qui m’intéressent plus.
Par ailleurs, j’ai à cœur de préserver du temps pour ma vie familiale. Je me suis fixé des « bonnes habitudes dès le départ », comme la fin de journée à 19h, la possibilité de journées avec une charge de travail réduite aux traites (3h30 au total) pour les dimanches, les jours de formation.... A terme, ce système devrait faciliter le recours au remplacement pour des week-ends ou des congés.
En outre, les cédants m’accompagnent dans la prise de décision notamment au niveau des cultures. Leur bienveillance constitue sans nul doute un atout. Malgré la conjoncture, je me sens plutôt bien dans mon projet.»